23 fevrier 2006  -  la ligue des champions

Au terme d'une seconde période intense et enlevée, Barcelone s'est imposé sur la pelouse de Chelsea (1-2) en 8e de finale aller de la Ligue des Champions. Réduits à dix durant plus de 50 minutes, les Anglais ont pourtant ouvert le score mais fini par craquer face à la maestria offensive catalane.

CHELSEA - BARCELONE : 1-2
Buts : Motta (59e, csc) pour Chelsea, Terry (72e, csc) et Eto'o (80e) pour Barcelone

Un temps, on a cru que le jouet était cassé. Que Chelsea et Barcelone n'avaient pas envie de régaler la planète football. Ça a duré un peu plus de quarante-cinq minutes. Le temps d'une partie d'échecs dirigée par Claude Makelele ou Deco. Mais les artistes ne trainaient pas loin et Ronaldinho and co ont fini par prendre les commandes de ce huitième de finale aller qui aura les honneurs d'une place privilégiée dans le classement des meilleurs matches de l'année 2006.

Comme l'an passé, Barcelone a remporté la première manche. Mais si le huitième de finale aller gagné au Camp Nou par les Blaugrana en 2005/2006 laissait la place à une qualification de Chelsea au retour, le premier opus conclu cette saison par un succès du Barça sur la pelouse de Stamford Bridge (1-2) semble ouvrir les portes des quarts de finale à des Catalans revanchards et récompensés de leur régularité sur l'ensemble du match. A dix contre onze durant une bonne partie de la rencontre, les Anglais ont failli s'en sortir. Mais l'orgueil n'a pas suffi. La C1 s'éloigne de l'ouest londonien.

Première période : Fermé à double tour

Sur une pelouse ravagée et indigne d'une telle affiche, les vingt-deux acteurs démarrent sur un rythme très calme. Blues et Blaugrana - en jaune pétard - prennent possession de l'aire de jeu. Les hommes de Frank Rijkaard s'offrent également le contrôle du cuir. Et lentement, tentent d'avancer sans se livrer. Face à un milieu de terrain anglais solide comme le roc, chaque mètre carré gagné est une victoire en soi. Les opportunités de mettre Petr Cech en difficulté se font rares. Et seul Ronaldinho pousse le portier tchèque à s'employer. Une frappe à ras de terre sur laquelle l'ancien Rennais vient déployer ses longs bras (30e).

De leur côté, les Londoniens tentent de jouer plus directement mais ni Joe Cole, ni Arjen Robben, hommes de couloir, ne parviennent à s'imposer. Résultat, les champions d'Angleterre ne se créent aucune occasion. Seuls une frappe non-cadrée de Lampard (9e) et un corner dangereux de ce dernier (17e) viennent perturber Victor Valdes. A la peine, les Anglais voient leur tâche se compliquer à la suite de l'expulsion de Del Horno. Coupable d'un énorme tampon sur le virevoltant Messi, l'Espagnol prend un rouge direct (37e). Jose Mourinho réagit et fait entrer Geremi à la place de Joe Cole (40e).

Seconde période : Barcelone met le pied sur l'accélérateur

Après avoir privé Chelsea du ballon (65% de possession en première période), le onze catalan peine à se remettre dans le droit chemin au retour des vestiaires. Drogba a remplacé Crespo (46e) et Robben se crée une première occasion sur une frappe du gauche trop croisée (47e). Le Chelsea FC met enfin de l'intensité dans le jeu et décide d'aller de l'avant. La partie se débride. Stamford Bridge retrouve de la voix. Et va bientôt exulter. Sur un coup franc de Lampard, Motta trompe son propre gardien du genou (1-0, 59e). José Mourinho et ses hommes ne pouvaient espérer mieux.

Ne pouvant se contenter du résultat, le Barça accélère. Relativement discret jusque-là, Ronaldinho décide de monter en régime. Passé dans l'axe, le Brésilien offre un caviar à chaque passe. Et sur un coup franc excentré, trouve la tête du malheureux John Terry. La déviation du capitaine des Blues est imparable (1-1, 72e). Comme Motta, l'Anglais marque contre son camp. Revenu à hauteur de Chelsea, Barcelone ne souhaite pas s'arrêter là et, en deux minutes, oblige John Terry à sauver sur sa ligne à deux reprises. La première fois, le défenseur central devance Larsson (72e). La seconde intervient sur une frappe à ras de terre de Ronnie (76e).

Les dix Anglais souffrent le martyr. Les longs ballons vers Didier Drogba permettent pourtant à l'Ivoirien de faire trembler Victor Valdes. Une ouverture de Gudjohnsen lui offre un face à face. Serein, le portier a le dernier mot (80e). Sur l'action suivante, Ronaldinho met le feu et sert Larsson côté gauche. Intelligemment, le Suédois attend Marquez. Le Mexicain s'applique et son centre trouve Eto'o. A bout portant, le Camerounais bat Cech de la tête (1-2, 80e). Un but synonyme de première défaite à domicile pour Chelsea version Mourinho. L'homme au célèbre manteau gris sort du terrain la tête basse. Avant de quitter la C1 ? Réponse dans quinze jours.

LA DECLA : Jose Mourinho (manager de Chelsea)

"A dix, c'est toujours difficile. Ça l'est contre une petite équipe, ça l'est encore plus contre une grande. Mais encore une fois, on doit faire face à cette situation. Et pas pour quelques minutes. Pendant une heure de jeu, c'est difficile de fermer tout le temps la porte. A onze contre onze l'an passé à Barcelone, on mène 1-0. A onze contre onze là, le match était ouvert. A dix, cela devient très difficile. Si je dis quelque chose je peux être suspendu. C'est à vous de dire si c'est justifié ou non. Bien sûr, j'ai ma réponse. Mais je ne veux pas être dans une situation difficile. Ce qui a changé le match ce n'est pas leur égalisation, c'est l'exclusion. A dix contre onze, on ne peut pas presser, pas porter le danger sur les ailes. Mais je suis fier de mes joueurs, je préfère perdre comme ça qu'en défendant mal comme contre Middlesbrough par exemple. Je préfère aller à Barcelone avec un esprit positif. On n'est qu'à 2-1 ce soir et on essaiera de faire de notre mieux."

23 fevrier 2006 - la ligue des champions

Même si l'arbitrage alimente encore la chronique, la performance du FC Barcelone mercredi à Chelsea doit davantage à la maturité collective de la formation catalane qu'au carton rouge infligé à Del Horno. Rijkaard avait raison. Le Barça, toujours aussi talentueux, a beaucoup grandi depuis un an.

Décidément, pas une confrontation entre ces deux là ne semble devoir être à l'abri de la polémique. L'an dernier, au Nou Camp, l'exclusion sévère de Drogba avait provoqué la furie de Jose Mourinho, le Portugais accusant son homologue Frank Rijkaard d'avoir séjourné dans le vestiaire de l'arbitre, Anders Frisk, durant la pause. Menacé de mort, écoeuré, le Suédois jettera l'éponge et le sifflet en même temps quelques semaines plus tard. Au retour, à Stamford Bridge, le quatrième but des Blues, celui de la qualification, fut entaché d'un placage de Ricardo Carvalho sur Valdes, le portier catalan.

Mercredi soir, la nouvelle "guerre des étoiles" a accouché de son petit imbroglio arbitral. Presque naturellement. L'arrière gauche espagnol de Chelsea Asier Del Horno méritait-il d'être expulsé pour sa charge sur Messi? Le génial petit argentin, par ailleurs coupable au préalable d'une faute sur Robben, en a-t-il rajouté? Et Carles Puyol, le rugueux défenseur du Barça, n'aurait-il pas dû rejoindre, voire précéder son son compatriote aux vestiaires avant l'heure? Oui. Non. Peut-être. Peut-être pas.

Le plus complet

Evidemment, Jose Mourinho s'en est donné à coeur joie. "Comment dit-on tricheur en catalan", a-t-il demandé sitôt la rencontre terminée. Barcelone est une grande ville culturelle, avec beaucoup de théâtres. Manifestement, Messi a beaucoup appris là-bas. C'est déjà un très bon acteur." Réplique de Frank Rijkaard: "L'arbitre a pris sa décision. C'est son choix, je ne préfère pas parler de l'arbitre. Je vois des fautes tout le temps sur Messi. Je peux vous dire qu'il n'est certainement pas le genre de joueur à surjouer après une faute."

La polémique est (re)lancée. Mais l'essentiel est ailleurs, n'en déplaise à Jose Mourinho. Le charismatique technicien lusitanien a beau jeu de considérer aujourd'hui que l'arbitre a ruiné les chances de son équipe, et de laisser entendre qu'à 11, l'issue eut été différente. C'est en partie vrai, bien sûr. N'importe qu'elle équipe jouant à dix pendant plus de 50 minutes se trouve pénalisée. Si M.Hauge n'avait vu rouge, les chances de qualification de Chelsea seraient certainement plus élevées ce matin. Mais le Barça était bien le plus complet et le plus fort sur la "pelouse" du sud de Londres. Même avant l'expulsion de Del Horno, la maitrise et les occasions étaient catalanes.

Frank Rijkaard avait donc raison en affirmant que son équipe avait grandi depuis la double confrontation de février 2005. A l'époque, même si le talent était déjà plus abondant côté Barça, Chelsea possédait une longueur d'avance en termes d'équilibre collectif, de densité physique et, surtout, de solidité défensive. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. "On a montré beaucoup de maturité, on est resté très concentré mentalement, savoure l'entraîneur néerlandais. On savait que c'était ce qu'il fallait contre un grand adversaire."

Changement de mentalité

Même après l'ouverture du score heureuse des Blues à l'heure de jeu, provoquée par le genou de son milieu brésilien Motta, Barcelone ne s'est pas affolé. Au contraire. Ce coup du sort a semblé libérer les jambes et les têtes espagnoles, jusqu'alors hésitantes dans la tactique à adopter. "Paradoxalement, je pense que le but de Chelsea nous a aidés, confirme Rijkaard. J'ai vu un changement de mentalité chez mes joueurs après ce but. On a réagi de manière très positive." Chelsea avait eu le tort de se livrer. Mourinho aurait dû se montrer plus conservateur et tenir le 0-0, et même le 1-1. Le deuxième but du Barça est d'ailleurs venu sur un contre, suite à un corner en faveur des Blues.

Physiquement, les joueurs du "Special One", le nouveau sobriquet de Mourinho, ont explosé dans les 25 dernières minutes. Or la moindre lacune athlétique ne pardonne pas devant des talents comme Ronaldinho, Eto'o ou Messi. Lancé sur une voie royale, le Barça n'a plus qu'à parachever son oeuvre dans deux semaines, chez lui. Rijkaard prévient déjà: "On doit encore finir le travail et ce ne sera pas facile. On ne peut pas se reposer sur nos lauriers, Chelsea est trop fort pour ça. On doit se concentrer sur notre boulot, avoir de l'envie." Une occasion de plus d'afficher sa nouvelle maturité.

22 février - Actualité - Ligue des Champions - Chelsea - Barça






Le FC Barcelone s’est imposé royalement sur la pelouse de Chelsea. L’équipe de Ronaldinho s’est imposé sur le score de 1-2 et a pris une sérieuse option sur la qualification.

C’était l’affiche de la soirée ! Avant même de commencer, ce choc entre Chelsea et Barcelone promettait d’éclipser toutes les autres rencontres européennes de ce mercredi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que malgré le mauvais état du terrain la rencontre a été passionnante !

Motta et Gio titulaires

Frank Rijkaard avait décidé de lancer Giovanni Van Bronckhorst sur le flanc gauche. Jusqu’à la dernière minute, le coach barcelonais a laissé planer le doute mais c’est finalement l’international néerlandais qui est monté sur le terrain. Le reste de l’équipe catalane était classique avec néanmoins la titularisation de Thiago Motta à la place du grand absent de cette rencontre, Xavi Hernandez. L’Italo-brésilien s’est disputé la place avec Andres Iniesta, qui est néanmoins monté en cours de match. En attaque, Stamford Bridge a eu le plaisir de voir évoluer le trident magique : Ronaldinho – Eto’o – Messi, soit le meilleur joueur du monde, le meilleur joueur d’Afrique et le meilleur espoir du football mondial.

Première période vierge de but

Le Barça ouvrit les hostilités dès la 2è minute de jeu avec une première frappe cadrée signée Lionel Messi. Une tentative du jeune argentin qui n’inquiéta cependant pas Peter Cech.

A fil du temps, le jeu devint de plus en plus physique avec un combat acharné au centre du terrain. Le pitoyable état de la pelouse empêchait toute bonne construction et toute erreur pouvait s’avérer fatale. Dominant clairement la rencontre avec plus de 60% de possession de balle, le Barça ne parvenait pourtant pas à entrer dangereusement dans la zone adverse.

La meilleure action de la première période est à mettre à l’actif de Ronaldinho. Sur la droite, Oleguer déborda avec sans froid et centra à ras de terre pour l’astre Brésilien. Malheureusement, la bonne frappe de Ronnie fut repoussée du bras par Peter Cech. Ce fut sans nul doute la tentative la plus dangereuse lors de ce premier acte.

Exclusion de Del Horno

Mais le moment le plus important intervint à la 35è minute de jeu. Lionel Messi, sur son flanc droit, se débarrassa de Robben et se préparait à centrer lorsqu’Asier Del Horno, tel un boulet de canon, faucha l’attaquant argentin. Sa fougue, mais surtout son pied en avant, lui valurent le carton rouge.

Pendant les quatre minutes de temps additionnel, Deco tenta une dernière frappe mais qui fut détournée en corner. Lors de la phase arrêtée, Claude Makelele, à l’intérieur de la surface, repoussa clairement du bras une frappe de Rafael Marquez qui semblait cadrée. L’arbitre ne broncha pas et évitait aux hommes de José Mourinho un indiscutable penalty.

Enfin du jeu !

Malgré l’avantage numérique, le Barça s’est extrêmement fait peur en début de seconde période. Après seulement un quart d’heure de jeu, un coup franc botté par Frank Lampard fut dévié par Thiago Motta dans la cage de Victor Valdés. Le gardien et le milieu de terrain ne s’étaient pas compris. Stamford Bridge exultait.

La rencontre changea alors radicalement de physionomie. La sortie de Motta - auteur d'une mauvaise rencontre - pour Henrik Larsson et le remaniement de l’équipe par Frank Rijkaard allaient s’avérer capitaux pour la suite. Le Barça changea sa manière de jouer et Chelsea semblait accuser le coup physiquement.

A vingt minutes du terme, un coup franc enveloppé de Ronaldinho flirta avec la tête de Terry qui trompa son propre gardien. Égalisation plus que méritée pour les joueurs de Frank Rijkaard.

Requinqué, Barcelone trouva une deuxième fois l’ouverture dix minutes plus tard. Une action collective exceptionnelle fut conclue par une tête puissante de Samuel Eto’o devant Peter Cech. Le kop blaugrana jubilait et Stamford Bridge devint subitement muet.

Le dernier quart d’heure du Barça fut incroyable. Les Catalans se créèrent tellement d’occasions qu’ils auraient pu liquider le suspense du match retour. Avec deux buts inscris à l’extérieur et une victoire éclatante, les Barcelonais ont ce soir pris une large option sur la qualification. La tactique de Mourinho ne s’est pas avérée concluante et le technicien portugais devra revoir ses notes s’il veut encore espérer quelque chose en Europe cette saison. Pour le Barça, c’est un immense succès !

Un Stamford Bridge en feu

Le public anglais est réputé pour sa ferveur et son enthousiasme. Déjà complet pour un simple match de championnat, Stamford Bridge s’est transformé ce soir en un vrai chaudron bouillonnant. Les supporters anglais ont presque continuellement pousser leur équipe tandis que près de 2.500 fans blaugrana faisaient le maximum pour soutenir les leurs. Un combat acharné dans les tribunes qui a tourné à l’avantage des supporters visiteurs. L’ambiance était vraiment électrique et belle à voir !

Mourinho perd son calme

Le Barça a rendu tout le monde fou, y compris Mourinho. L'entraîneur de Chelsea ne tient plus en place et a affirmé à la fin de la rencontre que Messi "avait joué la comédie" en ajoutant que Chelsea pourrait se déplacer à Barcelone avec son équipe B. "Le résultat est de 1-2 et on ne peut rien faire contre ça, a-t-il expliqué en conférence de presse. Est-ce que ça vaut donc la peine d'aller à Barcelone? Peut-on encore jouer la qualification? Si la réponse est non, alors nous irons avec une équipe B en réservant nos joueurs pour la Premier League".

Frank Rijkaard est satisfait

Au contraire de son homologue, Frank Rijkaard est satisfait de la prestation de ses joueurs. "Nous avons eu davantage d'occasions que Chelsea même si je crois que ce ne fut pas notre meilleur match. Mais c'est normal étant donné l'état du terrain". Le technicien néerlandais a ajouté que c'était "un pas très important vers la qualification" et qu'il était "satisfait du résultat".

Saragosse attend le Barça

Le FC Barcelone rentrera dès ce soir à la maison afin de se récupérer de l’effort fourni. Une rencontre difficile attend les Catalans ce week-end avec un déplacement du côté de Saragosse. Le match aura lieu ce samedi à 22h00.

Le public souhaite une revanche après l’élimination des Barcelonais en Coupe du Roi. Rappelons que lors du tour suivant, l’équipe de Víctor Múñoz avait écrasé le Real Madrid 6-1 à La Romareda. Voilà le Barça prévenu !